dimanche 5 décembre 2010

C'est toujours ce qui éclaire qui demeure dans l'ombre


Il y a quelques temps, en Finlande, je me suis trouvée chez moi. Dans une nature familière, retrouvant avec joie les flocons kamikaze du début de l'hiver. J'ai retrouvé les hésitations de la marche sur la glace, cette pellicule sournoisement cachée sous la neige des trottoirs. J'avais parcouru 7500 km pour me retrouver chez moi. Et puis, après un petit moment, les nuances ont tout de même réussi à remonter à la surface de la conscience, éclairant mon enthousiasme.


Je m'accrochais au suédois des panneaux indicateurs, des affiches et des menus pour tenter de saisir les bribes de sens que le finnois me refusait. Je vivais une situation paradoxale, où mon corps, dans son rapport à la nature, était presque chez lui, alors que culturellement, je flottais dans un univers entièrement inaccessible, quand la 2e langue du pays, le suédois, n'était pas au rendez-vous.

Allant d'une nuance à l'autre, tout en marchant dans Helsinki, j'ai peu à peu commencé à ressentir la Russie toute proche. Dans l'architecture, sur les plaques minéralogiques, dans la rue, au détour des conversations.

Déambulant vers le sud, je me suis retrouvée pour le kahvi & pulla, le café & brioche, au crépuscule, vers 15h30, au bord de la Baltique. À 16h00, l'heure bleue avait laissé place à une noirceur boréale, en plein kaamos, cette période difficile de la descente vers la noirceur de l'hiver, vers les jours les plus courts, quand l'obscurité s'insinue dans tous les interstices de l'âme. Jusqu'au retour progressif de la lumière, bien longtemps après.





Entre nature et culture, j'ai vécu ces quelques jours dans la douceur de la familiarité de l'hiver et dans la curiosité de la découverte, entourée d'amis qui savent contrer
kaamos. L'un d'entre eux est Lasse Kantola, metteur en scène et professeur de théâtre, qui un jour avait invité ses étudiants à nous raconter des bribes de contes et de poésie finlandaise chaque fois que la lumière gagnait sur la nuit. Une bougie à la fois. Une rencontre à la fois. Un silence à la fois. Un regard, un sourire, une prière, une inspiration... Cette lumière-là ne vient ni des réverbères ni des spots de scène. Elle est intérieure.





Un autre soir, à l'invitation de Lasse, je me suis retrouvée dans le studio de répétition, où les étudiants de la troupe enchainaient les scènes de la prochaine pièce, écrite et montée par eux.

On m'a alors raconté leur histoire, celle des enfances brisées, des accidents de la vie, des perturbations du cœur, des abandons et des violences. qu'ils transcendaient par la création théâtrale. Il m'a semblé que la communauté à laquelle ils avaient choisi de donner vie incarnait cette lumière humaine si précieuse et si rare, de celles dont on ne parle pas et qui pourtant transcendent kaamos du fond de l'âme.


Depuis, je suis rentrée chez moi et je suis attentive aux interstices, aux failles, aux brèches, aux espaces vides, au silence à travers lesquels peut passer cette lumière subtile.

Kiitos, cher Lasse, harras kiitos, pour cette belle rencontre.

vendredi 5 novembre 2010

L'art est inutile, rentrez chez vous



C'est une lassitude existentielle, un affaissement de l'esprit, ou un simple manque de vitamines, je n'en sais rien mais le fait est qu'une fatigue de fond s'est installée et elle ne porte pas à l'enthousiasme quand je regarde autour de moi. Pour bien faire et peut-être réussir à s'en remettre, il faudrait éteindre la télé, ne plus lire les journaux, abandonner google et aller se coucher. Hiberner jusqu'à ce que ça passe.

À cause de la surdose d'information, d'une surcharge de tensions sociales dans un Absurdistan bureaucratique en plein essor, il y a comme un drôle d'effet qui se produit, quelque chose d'anesthésiant, de soporifique, qui crée une distance des sens entre moi et la réalité ambiante. Une sorte d'isolant, comme quand j'étais petite et qu'on se protégeait les oreilles avec de bouchons de ouate. On voit tout mais on n'entend pas vraiment. On est témoin sans comprendre. Cette étrange lobotomie sociale nous fait spectateurs de nos vies, emprisonnés soudain sans mémoire des surgissements, de la fougue, de la joie et de la révolte. Étrangers à nous-mêmes.

Comment retrouver le chemin vers soi dans les méandres sociaux de la survie ? Peut-être est-ce même inutile, totalement vain, de penser qu'il y ait un quelconque intérêt à retrouver la route vers le sensible. L'endormissement est tellement plus facile et Canal V, les radio poubelles, le journal de Montréal, Christiane Charrette et tous les autres y contribuent chaque jour avec entrain.

Pourtant, quand le doute traverse un instant ce qu'il reste de nous, cette idée qui nous frôle peut peut-être provoquer un léger frisson, un trouble presque imperceptible. Et s'il était possible de se chercher et de se retrouver ? S'il était possible de ré-habiter des espaces délaissés, abandonnés à d'autres ? Ces espaces qui sont source de vitalité et de joie, d'excitation et de fluidité, s'il était possible de les réinvestir ? Et si c'était en recommençant à créer, à oser, à protester, à transgresser, à imaginer, à dire, à illustrer, à aimer, que le sentiment d'être vivant reprenait un peu de son sens ? Et s'il était utile de ne pas oublier que les révolutions se sont toutes produites une conversation à la fois...

Ce serait par une résistance de tous les instants contre les litanies idéologiques de tous les porte-paroles, de toutes les institutions, à travers chacun de nos gestes, que cette vigilance se traduirait en actes. Ce serait incarner très concrètement une pensée critique, assumer, être cohérent, oser se tromper, apprendre dans l'action, ne pas se laisser bercer et berner par le théâtre de boulevard de la soit-disant démocratie actuelle.

Ils nous espèrent consommateurs, redevenons plutôt artistes, responsables de nos choix, créateurs de nos vies. On nous espère combattants, faisons plutôt alliance. On nous veut individualistes, rassemblons-nous, partageons, cheminons. On nous souhaite soumis, vénérant les dieux du conformisme, redevenons agiles, ludiques et subtils, renaissons de nos cendres alors que le brasier culmine.

Bien sûr, l'art est inutile, tout comme la vie, l'amour et la paix. On peut toutefois ne pas être d'accord, se lever et agir.

dimanche 6 juin 2010

Jouer sa vie au Lego


Quand je regarde les yeux fatigués de Noam Chomsky, quand je lis ce faux article si réussi sur son épuisement, et quand je découvre dans le supplément du Monde littéraire son inutilité politique, du moins aux yeux de la classe scientifique française, je me dis que j'ai malgré tout eu la chance d'explorer pendant trois ans les arcanes de sa théorie générative et transformationnelle, celle qui a révolutionné notre compréhension de la linguistique. Subitement, au tournant des années 80, il ne s'agissait plus uniquement d'étudier le phénomènes d'apprentissage des langues mais d'étudier l'univers de la création langagière, issu de chaque être humain, devenu soudain générateur. Quelques années après, les sciences cognitives ont pris leur essor.

Je me dis que même si tout cela peut aujourd'hui sembler dérisoire, has been ou inutile, j'aurai fait les efforts de la découverte et de la compréhension, j'en aurai ressenti du plaisir et j'en aurai vécu les fulgurances. C'est le tissu de l'expérience, le sentiment physique d'être en train d'apprendre en étant traversé et transformé à chaque seconde. Ces subtils changements de la structure cognitive qui creuse de nouveaux sillons en connectant les synapses ne sont pas toujours perceptibles. Ils le deviennent quand on explique à quelqu'un d'autre et que, oh surprise, on découvre alors soi-même que l'on savait. On n'aura pas vu le processus mais on en constate le résultat : l'apprentissage.

Mes années chomskiennes sont loin derrière. Les poussières de vécu ont succombé en strates de présent qui s'accumulent au fil du temps. On finit par perdre de vue le sens que chaque événement, la portée que chaque révélation a pu avoir à l'époque. Il faut se les raconter de nouveau pour que l'histoire s'actualise, qu'elle se recompose, bloc par bloc, en formant des sculptures mouvantes, changeantes, qui ressemblent à ce que nous croyons que nous sommes. Quand le récit nous apparaît tout à coup en décalage avec nous-même, on se remet à réorganiser les blocs, on en ajoute, on les réagence et on actualise la sculpture de nous-même.

C'est un jeu sans fin et les formes sont infinies, il suffit d'oser les créer. En fait, nous jouons toujours notre vie. Nous l'avons simplement oublié.

vendredi 21 mai 2010

Vie artificielle

Un chromosome conçu par ordinateur inséré dans une bactérie pour donner la vie.

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lundi 17 mai 2010

vendredi 14 mai 2010

Take a Noam Day

Exhausted Noam Chomsky Just Going To Try And Enjoy The Day For Once.

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mardi 27 avril 2010

Gestation

Le printemps enfermé dans l'hiver ou what is wanting to emerge.

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dimanche 18 avril 2010

Devenir chercheur

Dans la chrysalide du processus de transformation du regard, alors qu'une personne devient un chercheur, les doutes et les angoisses mobilisent souvent l'énergie au détriment du travail en cours. La réflexion, la prise de recul, le questionnement et les découvertes sont parfois occultés, immobilisés par la crainte de ne pas faire les choses comme il faut. La peur de ne pas savoir adopter le bon discours, de ne pas réussir à argumenter avec solidité, de passer pour un imposteur ou encore un touriste de la recherche, qui n'a pas encore bien saisi les raisons de sa propre présence... Cette chape de plomb dissout toute créativité et l'énergie à mobiliser pour contrer ce lourd poids de l'académisme a souvent raison des meilleures intentions et des plus belles passions. Le secret réside-t-il dans le fait de réussir à se conformer pour être confirmé ? Quelle est cette fameuse identité du chercheur ? Comment et à quel prix se constitue-t-elle ?

Dans l'extrait suivant, Howard Becker évoque le douloureux passage dans la chrysalide en montrant qu'on retrouve ensuite une liberté qu'on aurait pu croire disparue pour toujours. L'article ouvre également sur de nombreuses pistes intéressantes qui sont autant de possibilités de se reconstituer - de retrouver une identité de chercheur moins conformiste, moins mainstream, moins caricaturale, plus personnel, vibrant et engagé. Heureusement.

"La situation dans laquelle se trouve un étudiant qui écrit son travail de fin d’étude est tout à fait particulière. Cela n’arrive pas souvent et à partir du moment où il l’a écrit, il ne le refera plus jamais. Cela ne permet pas vraiment d’apprendre le travail de rédaction en sciences sociales car c’est l’unique fois dans leur vie où seules trois ou quatre personnes auront l’autorité complète de le juger. Cela n’arrive plus jamais ensuite. Dès que l’on cesse d’être étudiant et que l’on devient sociologue ou anthropologue "en activité", on diffuse son travail et, comme on dit en anglais, on l’adresse « to whom it may concern » (à ceux qui pourraient être concernés), c’est-à-dire à toute personne susceptible de le sélectionner et de le lire. C’est une situation complètement différente. Le pire lorsqu’on est étudiant, c’est d’apprendre des manières d’écrire et de construire des arguments qui sont parfaites, mais uniquement dans cette situation bien précise. C’est ce que je veux dire lorsque je dis que « chaque façon de faire est parfaite pour quelque chose de bien précis ». La manière dont les étudiants écrivent est parfaite pour la situation autoritaire et inégale dans laquelle ils se trouvent. Mais une fois qu’ils sont entrés dans le monde des sciences sociales, ils s’adressent à tout le monde, à tous ceux qui voudront bien les lire maintenant, dans cinquante ans, ou dans cent ans."

vendredi 16 avril 2010

Emergence

Hvolsvöllur in the region of the Eyjafjalla glacier in Iceland. (Fior Kjartansson/AFP/Getty Images)

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lundi 12 avril 2010

We are born trusting



“We are born trusting, but fear develops
because it is the basic manner of
manipulating others.
Aggression is cultivated.
Sensuality, tenderness and sexuality
constitute conditions for intimacy.
Our evolution continues around love.
Our culture is
a network of conversation, the central aspect of which is our emotioning.
We
understand when we dance in the flow of emotioning of the other.
Cultural change
occurs in this way.
The history of change takes place in small groups.
Everything
occurs in the present.
We create our past to explain our present.
We are connected
through our history.”

dimanche 14 mars 2010

Be the Change

Open Space, Social Media and Open Data by Mark Kuznicki at the 2009 Reboot festival.

The Toronto-based ChangeCamp instigator presents how the transformation of society requires us to build new institutions, structures ans tools.

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samedi 6 mars 2010

Affirmez vos rhizomes !

Extraits de Mille plateaux

Deleuze & Guattari (1980)

Contre les systèmes centrés (même polycentrés), à communication hiérarchique et liaisons préétablies, le rhizome est un système acentré, non hiérarchique et non signifiant, sans Général, sans mémoire organisatrice ou automate central, uniquement défini par une circulation d’états. Ce qui est en question dans le rhizome, c’est un rapport avec la sexualité, mais aussi avec l’animal, avec le végétal, avec le monde, avec la politique, avec le livre, avec les choses de la nature et de l’artifice, tout différent du rapport arborescent : toutes sortes de « devenirs ». (p.30-31).

Une organisation rhizomatique de la connaissance est une méthode pour exercer une résistance contre un modèle hiérarchique qui traduit en termes épistémologiques une structure sociale oppressive. (p.531)


vendredi 26 février 2010

Sculptons le social

Comment expliquer les tableaux à un lièvre mort (1965)

"Keep making things, it will keep you warm"aurait dit Joseph Beuys qui a créé le concept de sculpture sociale, devant permettre d'accéder à une société plus juste. Cette idée séduisante est l'objet de tous les désirs : vivre ensemble en paix, en dialogue, en assurant une justice sociale, l'équité, le respect et l'ouverture.

Un tel idéal est peut-être l'utopie qui traverse toutes les époques, ce qui relie les humains par le rêve, par l'audace de ne pas se contenter de ce qui est présenté comme naturel, venant de la "main de Dieu". Certains y travaillent en se donnant le mandat d'apprendre à sculpter le social. Pensons à l'économie, au jeu politique, à l'oppression habilement mise en marché par les médias comme une situation neutre et tout à fait normale.

À ce sujet, le film L'encerclement est une leçon de choses. On nous endort, il faut s'occuper du réveil. Vigilance et attention sont de mise. Pour éviter de se transformer en lièvre, celui qui est dans les bras de Beuys...


mercredi 24 février 2010

Leadership 101

Émergence d'un mouvement : un leader, un premier farfelu qui s'y joint, puis quelques autres qui confirment et le groupe est né. Ensuite, tous les autres saisissent que c'est là que ça se passe...

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mercredi 10 février 2010

Mémoire - L'art de raconter une histoire

Kseniya Simonova dessine l'invasion de l'Ukraine par l'Allemagne lors de la seconde guerre mondiale.
Gagnante de l'édition ukrainienne de "Got Talent".

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mardi 9 février 2010

Welcoming mistakes

“Creativity is allowing yourself to make mistakes – Art is knowing
which ones to keep”
Scott Adams

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dimanche 31 janvier 2010

À nos actes manqués


A tous mes loupés, mes ratés, mes vrais soleils
Tous les chemins qui me sont passés à côté
A tous mes bateaux manqués, mes mauvais sommeils
A tous ceux que je n'ai pas été

Aux malentendus, aux mensonges, à nos silences
A tous ces moments que j'avais cru partager
Aux phrases qu'on dit trop vite et sans qu'on les pense
A celles que je n'ai pas osées
A nos actes manqués

Aux années perdues à tenter de ressembler
A tous les murs que je n'aurais pas su briser
A tout c'que j'ai pas vu tout près, juste à côté
Tout c'que j'aurais mieux fait d'ignorer

Au monde, à ses douleurs qui ne me touchent plus
Aux notes, aux solos que je n'ai pas inventés
Tous ces mots que d'autres ont fait rimer et qui me tuent
Comme autant d'enfants jamais portés
A nos actes manqués

Aux amours échouées de s'être trop aimé
Visages et dentelles croisés justes frôlés
Aux trahisons que j'ai pas vraiment regrettées
Aux vivants qu'il aurait fallu tuer

A tout ce qui nous arrive enfin, mais trop tard
A tous les masques qu'il aura fallu porter
A nos faiblesses, à nos oublis, nos désespoirs
Aux peurs impossibles à échanger

A nos actes manqués

Jean-Jacques Goldman

samedi 16 janvier 2010

The social business model to rebuild Haïti

Transform Capitalism.
The Social Business Model - Muhammad Yunus on the Grameen-Dannon Partnership.

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jeudi 14 janvier 2010

Rising from the rubble


"I think there are good reasons for suggesting that the modern age has ended. Today, many things indicate that we are going through a transitional period, when it seems that something is on the way out and something else is painfully being born. It is as if something were crumbling, decaying and exhausting itself- while something else, still indistinct, were rising from the rubble."

Président Vaclav Havel, discours de Philadelphie, 4 juillet 1994

dimanche 10 janvier 2010

Reliance



Avec "L’Intelligence de l’Action appelle l’exercice de la Pensée Complexe. Pragmatique et Epistémique sont inséparables", Jean-Louis Le Moigne lance un appel aux communautés humaines afin qu'elles se dotent d'outils de compréhension qui soient à la hauteur de la complexité des phénomènes auxquels elles sont confrontées.

Le Moigne rappelle les propos d'Edgar Morin (1976) : "Relier, toujours relier... C’est que je n’avais pour méthode que d’essayer de saisir les liaisons mouvantes. Relier, toujours relier, était une méthode plus riche, au niveau théorique même que les théories blindées, bardées épistémologiquement et logiquement, méthodologiquement aptes à tout affronter, sauf évidemment la complexité du réel".

On l'aura compris, Morin avait saisi que notre regard dissocié et fragmenté sur le monde ne permettait pas d'appréhender et d'agir sur les phénomènes complexes et inter reliés que sont les grands enjeux mondiaux.

Pour Le Moigne, c'est un appel à renouveler : "...notre intelligence de la gouvernance des organisations complexes de tous types et de toutes tailles [qui] tient sans doute pour une très large part à la prise de conscience du caractère éco-systémique de toutes les initiatives humaines collectives quel que soit leur contexte, toujours à la fois local et global".

Le Moigne poursuit en rappelant que : "Edgar Morin a campé dès 1980 ce phénomène sous le nom imagé d’écologie de l’action : "Toute action échappe à la volonté de son auteur en entrant dans le jeu des inter-rétro-actions du milieu où elle intervient. Tel est le principe propre à l’écologie de l’action … L’écologie de l’action c’est en somme tenir compte de la complexité qu’elle suppose, c’est-à-dire aléa, hasard, initiative, décision, inattendu, imprévu, conscience des dérives et des transformations …"

À l'instar de Morin, Le Moigne nous invite à modéliser pour comprendre plutôt que de tenter d'analyser pour expliquer le monde qui nous entoure. Cette proposition pragmatique, qui a des impacts méthodologiques évidents, ne se limite toutefois pas aux outils qu'il faut redéfinir et concevoir différemment. Les ramifications de cette proposition sont aussi -et surtout- ancrées dans la croyance même de ce que sont la nature et la finalité de la connaissance. Elles sont épistémiques, fichées dans un terreau de croyances dont nous n'avons pas vraiment conscience. Autrement dit, c'est parce que nous croyons que nous devons expliquer le monde en le disséquant et en le dissociant que nos outils sont analytiques et qu'ils visent à réduire, isoler et décortiquer les problèmes en les définissant comme des objets disjoints.

Suivant cette logique, si nous changions notre regard sur ce qu'est la connaissance, alors le projet de connaissance en serait différent, notre regard logerait ailleurs et nous choisirions des outils différents pour explorer le monde. Autrement dit, si nous changions d'hypothèse de départ, nous ferions de la recherche différemment. Plus largement, comme le dit Meg Wheatley, c'est le fait de croire que nous sommes dissociés et isolés qui nous isole...

Edgar Morin a raison, il nous faut apprendre à relier. La reliance est au cœur de l'écologie de l'action et ce regard vaste et englobant est incontournable pour comprendre le monde du XXIe siècle.

Le wordle a été conçu avec des extraits choisis de l'article.

lundi 4 janvier 2010

Notre besoin de consolation

est impossible à rassasier... Texte - testament de l'auteur suédois Stig Dagerman (1955) découvert en 1981.

Mise en musique et lecture par les Têtes Raides.

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