mercredi 9 février 2011

Tes mains


Au milieu de ma vie, je volais jusqu’à toi
Au dessus des méandres blanc d’argent et d’acier
J’ai survolé des villes, des océans mourants
Sur le bord de mon cœur atlantique et perdu
Noyée dans leur Babel, je ne savais plus rien

Suspendue à ta vie qui ployait dans le soir
Je planais vers ta fin en martelant l’espoir
D’arriver jusqu’à toi et que ton regard las
Me caresse un instant avant de s’apaiser

Ta peau était si douce, et tes mains magnifiques
Je les connais par cœur, elles m’ont toujours émue
Un instant ton sourire, tu m’avais reconnue
À l’autre bout du lit, à l’autre bout du monde
Le soir a lentement inondé la Gironde
Au rythme de ton souffle d’où la vie s’éloignait

Si la fin est ainsi, aussi bien la quitter
Ma petite sœur, ma petite sœur, t’ais-je entendu prier
Errant au bord du monde, sans pouvoir traverser
Ma mère, écoute-moi, c’est toi qu’il appelait
C’est le temps des adieux, laisse-le nous quitter
À la fin février, tous les trois réunis
Nous avons retrouvé notre ultime unité

Épuisée de voyage, je m’étais assoupie
Le silence occupait la chambre abandonnée
Le souffle de tes mains a-t-il frôlé ma vie ?
Entre deux turbulences, je me suis éveillée
Une nuit infinie t’avait couvert de paix

J’ai embrassé ton front, mis la main sur ton cœur
Redonné à ton corps la posture de l’après
Croisé l’une sur l’autre les mains du musicien

Il avait patienté jusqu’au dernier moment
Généreux de sa vie, il gardait son trésor
Pour une enfant que d’autres avaient abandonnée

Pour plonger jusqu’à toi, mon premier abordage
J’avais jeté mes pas dans ta vie transformée
Et ton rire et ta joie et tes longues mains aimées
Je les ai renouées pour ton dernier voyage

29 mars 2004

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