C'est une lassitude existentielle, un affaissement de l'esprit, ou un simple manque de vitamines, je n'en sais rien mais le fait est qu'une fatigue de fond s'est installée et elle ne porte pas à l'enthousiasme quand je regarde autour de moi. Pour bien faire et peut-être réussir à s'en remettre, il faudrait éteindre la télé, ne plus lire les journaux, abandonner google et aller se coucher. Hiberner jusqu'à ce que ça passe.
À cause de la surdose d'information, d'une surcharge de tensions sociales dans un Absurdistan bureaucratique en plein essor, il y a comme un drôle d'effet qui se produit, quelque chose d'anesthésiant, de soporifique, qui crée une distance des sens entre moi et la réalité ambiante. Une sorte d'isolant, comme quand j'étais petite et qu'on se protégeait les oreilles avec de bouchons de ouate. On voit tout mais on n'entend pas vraiment. On est témoin sans comprendre. Cette étrange lobotomie sociale nous fait spectateurs de nos vies, emprisonnés soudain sans mémoire des surgissements, de la fougue, de la joie et de la révolte. Étrangers à nous-mêmes.
Comment retrouver le chemin vers soi dans les méandres sociaux de la survie ? Peut-être est-ce même inutile, totalement vain, de penser qu'il y ait un quelconque intérêt à retrouver la route vers le sensible. L'endormissement est tellement plus facile et Canal V, les radio poubelles, le journal de Montréal, Christiane Charrette et tous les autres y contribuent chaque jour avec entrain.
Pourtant, quand le doute traverse un instant ce qu'il reste de nous, cette idée qui nous frôle peut peut-être provoquer un léger frisson, un trouble presque imperceptible. Et s'il était possible de se chercher et de se retrouver ? S'il était possible de ré-habiter des espaces délaissés, abandonnés à d'autres ? Ces espaces qui sont source de vitalité et de joie, d'excitation et de fluidité, s'il était possible de les réinvestir ? Et si c'était en recommençant à créer, à oser, à protester, à transgresser, à imaginer, à dire, à illustrer, à aimer, que le sentiment d'être vivant reprenait un peu de son sens ? Et s'il était utile de ne pas oublier que les révolutions se sont toutes produites une conversation à la fois...
Ce serait par une résistance de tous les instants contre les litanies idéologiques de tous les porte-paroles, de toutes les institutions, à travers chacun de nos gestes, que cette vigilance se traduirait en actes. Ce serait incarner très concrètement une pensée critique, assumer, être cohérent, oser se tromper, apprendre dans l'action, ne pas se laisser bercer et berner par le théâtre de boulevard de la soit-disant démocratie actuelle.
Ils nous espèrent consommateurs, redevenons plutôt artistes, responsables de nos choix, créateurs de nos vies. On nous espère combattants, faisons plutôt alliance. On nous veut individualistes, rassemblons-nous, partageons, cheminons. On nous souhaite soumis, vénérant les dieux du conformisme, redevenons agiles, ludiques et subtils, renaissons de nos cendres alors que le brasier culmine.
Bien sûr, l'art est inutile, tout comme la vie, l'amour et la paix. On peut toutefois ne pas être d'accord, se lever et agir.
À cause de la surdose d'information, d'une surcharge de tensions sociales dans un Absurdistan bureaucratique en plein essor, il y a comme un drôle d'effet qui se produit, quelque chose d'anesthésiant, de soporifique, qui crée une distance des sens entre moi et la réalité ambiante. Une sorte d'isolant, comme quand j'étais petite et qu'on se protégeait les oreilles avec de bouchons de ouate. On voit tout mais on n'entend pas vraiment. On est témoin sans comprendre. Cette étrange lobotomie sociale nous fait spectateurs de nos vies, emprisonnés soudain sans mémoire des surgissements, de la fougue, de la joie et de la révolte. Étrangers à nous-mêmes.
Comment retrouver le chemin vers soi dans les méandres sociaux de la survie ? Peut-être est-ce même inutile, totalement vain, de penser qu'il y ait un quelconque intérêt à retrouver la route vers le sensible. L'endormissement est tellement plus facile et Canal V, les radio poubelles, le journal de Montréal, Christiane Charrette et tous les autres y contribuent chaque jour avec entrain.
Pourtant, quand le doute traverse un instant ce qu'il reste de nous, cette idée qui nous frôle peut peut-être provoquer un léger frisson, un trouble presque imperceptible. Et s'il était possible de se chercher et de se retrouver ? S'il était possible de ré-habiter des espaces délaissés, abandonnés à d'autres ? Ces espaces qui sont source de vitalité et de joie, d'excitation et de fluidité, s'il était possible de les réinvestir ? Et si c'était en recommençant à créer, à oser, à protester, à transgresser, à imaginer, à dire, à illustrer, à aimer, que le sentiment d'être vivant reprenait un peu de son sens ? Et s'il était utile de ne pas oublier que les révolutions se sont toutes produites une conversation à la fois...
Ce serait par une résistance de tous les instants contre les litanies idéologiques de tous les porte-paroles, de toutes les institutions, à travers chacun de nos gestes, que cette vigilance se traduirait en actes. Ce serait incarner très concrètement une pensée critique, assumer, être cohérent, oser se tromper, apprendre dans l'action, ne pas se laisser bercer et berner par le théâtre de boulevard de la soit-disant démocratie actuelle.
Ils nous espèrent consommateurs, redevenons plutôt artistes, responsables de nos choix, créateurs de nos vies. On nous espère combattants, faisons plutôt alliance. On nous veut individualistes, rassemblons-nous, partageons, cheminons. On nous souhaite soumis, vénérant les dieux du conformisme, redevenons agiles, ludiques et subtils, renaissons de nos cendres alors que le brasier culmine.
Bien sûr, l'art est inutile, tout comme la vie, l'amour et la paix. On peut toutefois ne pas être d'accord, se lever et agir.
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