Ça semble évident. Le futur émerge dès qu'on y pense et même pendant qu'on s'active à autre chose. Ce qui fait la différence, c'est sans doute l'attention qu'on y porte et l'énergie qu'on y met. Certains parlent du choix que l'on a de laisser passer la parade ou d'y devenir majorette. D'autres de sauter dans le train en marche. Il y a même ces histoires de tunnel, de lumière au bout, qui serait plutôt l'autre train, celui qui arrive en face... Bref, les métaphores ne manquent pas pour aborder la question du futur auquel on ne sait jamais vraiment si on y est pour quelque chose.
Pour y voir plus clair, mais surtout parce que notre responsabilité est d'en faire quelque chose qui soit à la hauteur de nos aspirations, l'idée d'un atelier dédié à ce futur a germé, doucement, au printemps 2008. En août 2008, nous nous étions retrouvés quelques uns à Val-David, pour faire un atelier de 24 heures lors duquel nous avons appris les uns des autres. Nous avons ainsi pu parler d'émergence en tentant d'agir de manière cohérente avec des principes déjà partagés par tous, au moins sous forme d'aspirations. Nous pensions que nous sommes responsables du changement qui s'opère. Nous sommes le système. Nous avions intégré l'appel de Gandhi : "Be the change you want ot see in the world". Du coup, pour être conséquent, il faut chercher à vivre de manière cohérente. Assumer. "Walk the Talk" ne dit-on pas ? Le tout en n'oubliant pas de rester critique face à une mouvance démocratique toujours fragile, souvent glissante, simple à instrumentaliser et à subordonner à des fins qui sont tout autres... Pratiques positives par essence, par affiliation lointaine aux fondement de la psychologie positive, elles véhiculent et incarnent une vision du monde que l'on nomme aujourd'hui responsable, inscrite dans le paradigme de la durabilité, encore considéré comme fastidieux, difficile à traduire dans l'action. Fin 2009, sommes encore confrontés au déni et le sommet de Copenhague nous dira si ça bouge un peu.
En attendant, il nous faut agir de manière conséquente. Comment faire ? Quelle est cette posture intérieure d'intégrité ? De quoi est faite cette relation au monde qui se veut authentique ? Comment créer des espaces permettant de vivre concrètement d'après ces principes ? J'avais déjà participé à une dizaine de jours de formation à plusieurs approches utiles, à partir de 2003. J'y avais rencontré des personnes clés dans cette mouvance de participation démocratique, de transformation sociale, de mobilisation douce, ancrée dans un terreau philosophique bien irrigué. Du bouddhisme à l'existentialisme en passant par les réflexions de penseurs devenus des repères : Krishnamurti, Martin Buber, Kitaro Nishida, Gregory Bateson, Francisco Varela, Chris Argyris, Noam Chomsky, Peter Senge, Omar Aktouf, Otto Scharmer, Ken Wilber, Margaret Wheatley, Edgar Morin, Jean-Louis LeMoigne, Juanita Brown, tout comme Schiller, Pierre Guillet de Monthoux, Antonio Strati et plusieurs autres qui disaient si bien le rapport esthétique au monde... Autant de lumières dans la pénombre du quotidien.
J'ai aussi pu pratiqué plusieurs arts, entre autres : le forum ouvert de Harrison Owen, le dialogue authentique de Thierry Pauchant, qui fut mon directeur de thèse et qui travaille sur l'éthique, le world café, de Juanita Brown et Bill Isaacs, ainsi que ce qui est devenu fondateur comme modèle d'action, l'art des semailles et des moissons, autrement dit the Art of Hosting, où l'on retrouve des praticiens allumés, au cœur ouvert et créatifs, comme Toke paludan Moeller que j'ai rencontré de nouveau à Copenhague en juin dernier.
Et puis, pour explorer l'autre versant, plus conceptuel, qui met en lumière les finalités de cette perspective tout en la considérant par ses concepts et sa dynamique, je suis entrée en dialogue avec George Por, avec qui j'aurai la chance de travailler en octobre. George porte son attention sur l'intelligence collective, qui permet de qualifier et d'englober tout ce qui précède. En donnant une image, un sens, une véritable épistémologie humaniste de la complexité, axée sur l'action, à toutes ces pratiques disparates en résonance l'une avec l'autre, l'intelligence collective devient une sorte de clé de voute de cette architecture humaine et sociale.
Du coup, l'intervention que nous faisons en animant créativement (hosting) et en recueillant la mémoire de l'activité collective (harvesting) est une activité de transformation qui participe au design social. Conclusion : nous participons ainsi à faire émerger le futur. CQFD.
C'est la raison pour laquelle, nous du 4e Œil, croyons qu'il est utile de passer à l'action dans cet esprit, afin de sensibiliser la communauté à ces façons de faire qui donnent du souffle et incarnent précisément nos aspirations. Elles inspirent.
Nous vous convions donc à notre seconde rencontre, les 28 et 29 octobre prochains, à l'UQAM où nous allons tenir une session et un atelier de travail en mettant en œuvre ces pratiques au service de plusieurs enjeux critiques sur lesquels nous allons nous pencher. Vous êtes invités.
La session de travail vous fera traverser le grand U de la transformation humaine et l'atelier de travail se penchera sur l'urgence d'agir, de dialoguer, de réfléchir ensemble aux problèmes qui nous préoccupent le plus dans la société, comme le déficit démocratique, les enjeux environnementaux, le manque de vision pour le développement municipal, les refontes en santé, en éducation, et surtout les moyens d'agir sur le terrain que nous pouvons nous donner, dès aujourd'hui... Les deux activités sont complémentaires et réuniront des praticiens, des étudiants, des chercheurs, des intéressés, passifs et actifs, dans la communauté.
Au plaisir de vous rencontrer les 28 et 29 octobre prochains.
Pour plus d'information, n'hésitez pas à me contacter.
samedi 26 septembre 2009
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